Hébreux 6
- C’est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes,
La clé de l’interprétation juste de cet épître est de tenir compte de son auditoire : des personnes qui avaient une connaissance certaine de l’Ancien Testament, donc, des chrétiens d’origine juive, des « Hébreux ». Au chapitre 10, nous découvrirons que ces Hébreux étaient persécutés et même persécutés pour leur foi en Jésus. Nous comprenons alors la racine de la tentation de certains qui voulaient retourner au judaïsme, oubliant ce que Jésus-Christ avait fait pour eux. | La traduction David Martin traduit ainsi une portion du premier verset : « […] laissant la parole qui n’enseigne que les premiers principes du christianisme. ». Plusieurs chrétiens modernes ont donc compris qu’il s’agissait ici des « […] premiers éléments du message chrétien […] » (traduction Nouvelle Bible Français Courant). Certes, cette expression est vraie mais la pensée originale de l’auteur n’est pas forcément ce que le lecteur moderne comprend. En fait, les trois premiers versets concernent les notions élémentaires qui se retrouvent dans les symboles de l’Ancien Testament qui préfiguraient Jésus-Christ. C’est dans ce sens que l’auteur aux Hébreux énumère les doctrines élémentaires de l’Ancien Testament et non celles du Nouveau Testament.
- de la foi en Dieu, de la doctrine des baptêmes, de l’imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel.
La traduction Semeur dit ici : « C’est pourquoi ne nous attardons pas aux notions élémentaires de l’enseignement relatif à Christ […]. ». Ces notions élémentaires concernent celles de l’Ancien Testament qui préfiguraient et symbolisaient l’oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ. Les Hébreux devaient aller plus loin dans leur compréhension de ce qu’ils avaient connu autrefois dans le judaïsme : 1 – Le renoncement aux œuvres mortes. La vie chrétienne ne se limite pas au renoncement au péché mais à une vie remplie du Saint-Esprit : « Je dis donc : marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » (Galates 5:16). 2 – La foi en Dieu. La vie chrétienne ne se limite pas à simplement croire en Dieu mais elle a comme objectif d’opérer à partir de la foi de Dieu, tout comme Jésus l’a enseigné dans Marc 11:22. | Approfondissez vos connaissances sur la foi dans « La force de la foi ». 3 – La doctrine des baptêmes. Cette doctrine ne se réfère pas aux types de baptêmes que nous découvrons dans le Nouveau Testament (voir le « Disciple Victorieux » à ce sujet) mais à la doctrine des ablutions de l’ancienne alliance pratiquée par les prêtres dans la cour intérieure du temple (voir les commentaires de 1 Rois 7:23, 1 Rois 7:25-26 et 1 Rois 7:38-39). 4 – L’imposition des mains. Cette doctrine pouvait se référer à l’imposition des mains lors de la consécration d’Aaron et de ses fils (voir la note d’Exode 31:18) ainsi qu’à l’imposition des mains lors du transfert symbolique des péchés sur la victime expiatoire : « Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché ; il les mettra sur la tête du bouc, puis il le chassera dans le désert, à l’aide d’un homme qui aura cette charge. » (Lévitique 16:21). 5 – La résurrection des morts. 6 – Le jugement éternel.
Ces doctrines se référaient à la connaissance limitée des Hébreux concernant les événements eschatologiques mais qui sont explicités dans le Nouveau Testament (voir 1 Corinthiens 15 et l’enseignement « L’Apocalypse commenté »). - C’est ce que nous ferons, si Dieu le permet.
- Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit,
- qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir,
- et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie.
Hébreux 6:4-6
Ces trois versets ont fait couler beaucoup d’encre et sont toujours l’objet de beaucoup de débats aujourd’hui. Examinons de près ce passage : « Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés [ces personnes qui ont déjà vu la lumière, la splendeur de l’Évangile, voir aussi 2 Corinthiens 4:4], qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit [ces personnes ont non seulement goûté ou découvert personnellement le don du Saint-Esprit, mais elles y ont aussi participé], qui ont goûté [ces personnes ont également expérimenté personnellement] la bonne parole de Dieu [ce que la parole de Dieu offre] et les puissances du siècle à venir [elles ont été témoin de la puissance de Dieu qui sera aussi ressentie à l’avenir : « […] ils ont senti la puissance des forces du monde qui vient […] », traduction Parole de Vie.], et qui sont tombés [« qui ont fait défection », Bible Annotée de Neufchâtel], soient encore renouvelés et amenés à la repentance [« il est impossible d’être amené à une nouvelle conversion » – Bible de la Liturgie], puisqu’ils crucifient pour leur part [pour eux-mêmes] le Fils de Dieu [Jésus-Christ] et l’exposent à l’ignominie [exposent Jésus à la honte]. ». | explication : Comment pourrait-on vraiment « exposer à la honte » le seigneur Jésus-Christ ? La réponse est simple : en rejetant l’œuvre salvatrice. Si un chrétien d’origine juive, avait expérimenté toutes les grâces du salut, (avait été rempli du Saint-Esprit et avait vécu les autres bienfaits de la parole de Dieu), dédaigna ensuite ce don précieux, Jésus n’avait rien de plus à lui offrir. Si un chrétien d’origine juive méprisait le salut en Jésus-Christ et voulait retourner au judaïsme, il n’y avait aucune autre offre de salut pour une telle personne. C’est dans ce sens qu’il est impossible qu’une personne « soit encore renouvelée et amenée à la repentance ». Si Jésus n’est pas estimé comme étant la source du salut, il n’y pas d’autre espoir en dehors de lui. Il n’y a pas d’autre offre de repentance de disponible. Une telle personne insatisfaite par l’offre du salut rejette alors Christ et elle se retrouve perdue sans lui. Ce texte n’a rien à voir avec un chrétien qui a chuté dans le péché et qui souhaite se repentir ! Il y a une provision précise pour une telle personne sincèrement repentante (1 Jean 1:9). Les textes en question concernent ceux qui rejetaient le salut en Jésus. | Approfondissez vos connaissances sur la persévérance des saints dans le « Disciple Victorieux ».
- Lorsqu’une terre est abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, et qu’elle produit une herbe utile à ceux pour qui elle est cultivée, elle participe à la bénédiction de Dieu ;
- mais, si elle produit des épines et des chardons, elle est réprouvée et près d’être maudite, et on finit par y mettre le feu.
- Quoique nous parlions ainsi, bien-aimés, nous attendons, pour ce qui vous concerne, des choses meilleures et favorables au salut.
Hébreux 6:7-9
Lorsque la pluie tombe sur une terre qui produit « une herbe utile », « elle participe à la bénédiction de Dieu ». Lorsque la pluie tombe sur une terre qui produit « des épines et des chardons », on y met le feu. La pluie, ou Dieu, n’est pas fautive mais le problème se retrouve dans la terre, le cœur de l’homme. Une meilleure part, celle du salut plutôt que celle du feu, est réservée pour les croyants (voir Marc 7:20-23). - Car Dieu n’est pas injuste, pour oublier votre travail et l’amour que vous avez montré pour son nom, ayant rendu et rendant encore des services aux saints.
L’auteur exhorte les chrétiens d’origine juive à persévérer dans la foi chrétienne, les rassurant que Dieu n’est pas injuste et il n’oublie pas ses promesses à leur sujet. L’Éternel s’assure que les fidèles récoltent ce qu’ils auront semé : « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle. Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. » (Galates 6:7-9).
- Nous désirons que chacun de vous montre le même zèle pour conserver jusqu’à la fin une pleine espérance,
- en sorte que vous ne vous relâchiez point, et que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance, héritent des promesses.
Hébreux 6:11-12
La foi et la persévérance (ou la patience) sont les clés d’une vie de foi bénie. Au verset 12, la traduction King James dit : « Afin que vous ne deveniez pas paresseux, mais que vous suiviez ceux qui, par foi et patience, héritent les promesses. ». Si nous croyons que pour un temps, nous ne verrons jamais ce que produit la constance et la persévérance dans la foi. « Mieux vaut la fin d’une chose que son commencement ; mieux vaut un esprit patient qu’un esprit hautain. » (Ecclésiaste 7:8). | Notons aussi que la foi exige le langage de la foi qui s’accorde toujours avec la Parole de Dieu. - Lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, ne pouvant jurer par un plus grand que lui, il jura par lui-même, et dit :
- certainement je te bénirai et je multiplierai ta postérité.
- Et c’est ainsi qu’Abraham, ayant persévéré, obtint l’effet de la promesse.
- Or les hommes jurent par celui qui est plus grand qu’eux, et le serment est une garantie qui met fin à tous leurs différends.
Hébreux 6:13-16
S’adressant à un public chrétien d’origine juive, l’auteur attire l’attention sur le patriarche Abraham, un modèle merveilleux en ce qui concerne la foi persévérante (voir Romains 4). | Le verset 14 révèle que Dieu jura par lui-même car il ne pouvait faire appel à aucun autre plus grand que lui-même. | Lorsque nous croyons la parole de Dieu, nous croyons la parole la plus élevée et la plus certaine qui existe. - C’est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d’évidence aux héritiers de la promesse l’immutabilité de sa résolution, intervint par un serment,
- afin que, par deux choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous trouvions un puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l’espérance qui nous était proposée.
Les deux choses immuables concernent le serment fait à Abraham et la promesse de la venue du messie.
- Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme, sûre et solide ; elle pénètre au delà du voile,
- là où Jésus est entré pour nous comme précurseur, ayant été fait souverain sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek.
Hébreux 6:17-20
Tout comme il existait des villes de refuge dans l’Ancien Testament (Deutéronome 4:40-43), Christ est l’unique refuge pour les hommes aujourd’hui (voir le verset 18). | Voir les commentaires d’Hébreux 5:4-6 concernant le grand-prêtre Melchisédek.